La réception des œuvres de Bouguereau au XIXe siècle

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

En tant que professeur de l’Académie des Beaux-Arts, William-Adolphe Bouguereau exposait au Salon chaque année et fit même partie du Jury sélectionnant les œuvres dignes d’y être exposées. Le nombre impressionnant de tableaux de Bouguereau traduit bien la popularité du peintre au XIXe siècle, vous pourrez retrouver la quasi-totalité de ses œuvres sur le site Bouguereau-The Complete Works, réalisé par des amateurs de la peinture de Bouguereau et ayant pour vocation de référencer ses œuvres. Bouguereau évolue dans le contexte particulier qu’est celui de l’Académie des Beaux-Arts. A la fin de sa carrière, il sera contemporain du mouvement impressionniste dont il refusera les œuvres au Salon.

Le livre numérisé Les Beaux-Arts dans les deux mondes en 1855 de Etienne Jean Delécluze (peintre et critique d’art français) paru en 1856 chez Charpentier nous permet de dresser le portrait de ce qu’étaient les Beaux-Arts à l’époque de Bouguereau et de distinguer les différents groupements d’artistes que ce soit par spécialité ou par région. William-Adolphe Bouguereau est cité comme appartenant à l’école de Rome et les peintres de portraits.

Dans l’article L’art pompier, un art officiel publié sur le site l’Histoire par l’image (destiné aux enseignants, à leurs élèves et aux amateurs d’art et d’histoire et retraçant  l’Histoire de France à travers les collections des musées et les documents d’archives), Charlotte Denoël (Conservateur des bibliothèques, chef du service des manuscrits médiévaux au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France) explique le système des Beaux-Arts à l’époque de Bouguereau et évoque la dévaluation progressive de l’art dit pompier par rapport à la peinture impressionniste qui voit le jour à la fin du XIXe siècle.

Bouguereau est de ceux refusant les tableaux des impressionnistes et c’est, entre autre, pour cette raison qu’Emile Zola, fervent défenseur des impressionnistes, critiqua de façon plutôt virulente ses œuvres. Sur le site des Cahiers naturalistes, revue littéraire consacrée aux études sur Zola et le naturalisme, éditée par la Société littéraire des Amis d’Emile Zola, sont répertoriées ses critiques de la peinture de William-Adolphe Bouguereau.

Dans son article pour la Revue française de sociologie (1986, vol. 27, n° 3) numérisé sur la plateforme de revues en ligne Persée, Pierre Favre (institut d’études politiques de Paris) fait le compte-rendu d’un livre de Thuillier Jacques (historien de l’art et professeur au Collège de France, membre du Haut comité des célébrations nationales du XXe siècle) : Peut-on parler d’une peinture «pompier» ?  où il évoque cet art académique qui, même s’il est relativement dévalorisé de nos jours, avait un réel succès au XIXe siècle.

Même si l’histoire aura davantage retenu les grands peintres dits « modernes » ayant participé à l’évolution de l’art, il n’en demeure pas moins qu’à son époque, le système académique et la peinture qu’il soutenait restaient majoritaires. Des peintres comme Bouguereau ou son élève Seignac avait alors une grande popularité.

Bouguereau traite le thème de l’Amour

Au delà du mythe d’Amour et Psyché, William Bouguereau est un peintre français adepte des sujets mythologiques et allégoriques. Vous pouvez trouver sur le site JStor, un article en anglais issu du volume 16 n°3 de la revue « Brush and Pencil« . À travers cet article pour le moins élogieux vous pourrez découvrir la peinture de Bouguereau. Ainsi, il peint une série de tableaux consacrés au thème de l’amour, et il apparaît que les personnages que nous y trouvons aient un lien avec notre mythe d’Amour et Psyché.

Tout d’abord, les deux tableaux Amour avec épine et Amour mouillé  présentent le personnage d’Amour seul. Contrairement aux tableaux où le papillon est présent et que nous avons étudié dans l’article Bouguereau peint le baiser de l’amour, le mythe de Psyché n’est pas signifié.

Cupidon avec une épine, William Bouguereau, 1894

Cupidon avec une épine, William Bouguereau, 1894

Cependant, il apparaît que Bouguereau respecte une certaine iconographie traditionnelle, qui remonte à l’Antiquité, et qui connut de nombreuses modifications depuis la Renaissance ; nous avons étudié ce phénomène à travers trois articles : le premier consacré à la reprise des mythes antiques à la Renaissance, le deuxième concernant l’interprétation iconographique par les peintres de la Renaissance italienne et le dernier concernant la continuité iconographique au cours du XVIIème et XVIIIème siècles.

Amour, répond donc dans ces deux tableaux aux canons iconographiques traditionnels, mais il apparaît que Bouguereau en ait fait sa propre interprétation. Si l’on comprend aisément ce que veut signifier le tableau représentant amour avec une épine dans le pied, c’est bien moins le cas pour Amour mouillé.

Mais le personnage d’Amour n’est pas le seul à avoir fait l’objet d’une interprétation allégorique. En effet, Bouguereau a peint à plusieurs reprises la figure de Psyché, au sujet amoureux.
Les deux femmes de ces tableaux empruntent en effet les traits sous lesquels Bouguereau a choisi de représenter Psyché dans son tableau de 18.. (mettre lien et date).

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

De ce tableau, et L’éveil de l’Amour, le thème reste l’amour. Mais Bouguereau a choisi de représenter Psyché et non directement Amour. Elle est entourée de petits anges, des putti, dont nous avons étudié la signification dans l’article sur la Renaissance. Ainsi, la présence de ces anges, qui empruntent l’iconographie du personnage d’Amour, sont ici présent  pour souligner le thème amoureux du tableaux.  Même si le sujet de ces tableaux n’est pas à proprement parler une représentation du mythe d’Amour et Psyché, il le sous entend fortement. Nous vous renvoyons pour cela à notre article sur l‘iconographie de ce mythe , et à  l’ouvrage L’espace de l’Eros: Représentations textuelles et iconiques étudié dans ce même article.

Pour conclure, il nous faut écarter une confusion bien souvent rencontrée au sujet d’un tableau :

Flora et Zephyr, William Bouguereau, 1875

Flora et Zephyr, William Bouguereau, 1875

En effet, ce tableau est souvent interprété comme représentant le mythe d’amour et Psyché, en partie à cause de la présence d’ailes de papillons. Mais, ces ailes ne sont pas portées par la femme, mais par l’homme. Cette incohérence par rapport à l’iconographie traditionnelle du mythe  et sa symbolique, nous a interpellée. Après un certain nombre de recherches, ils apparaît que les deux personnages ne sont pas Amour et Psyché mais deux autres figures mythologiques : Zéphyr et Flora.
Si le Dieu Zéphyr est un protagoniste du mythe de Psyché, il semble tout de même que l’épisode représenté par Bouguereau dans ce tableau ne soit sans rapport avec ce dernier. Hormis peut être le fait qu’il représente l’amour entre deux jeunes personnages mythologiques.