W-A Bouguereau représente Amour et Psyché sous les traits de jeunes enfants

Peinture à l'huile,71x119.5cm de William Bouguereau réalisée en 1890, collection privée. Représentation du mythe d'Amour et Psyché enfants. Le baiser.

Amour et Psyché, enfants, William-Adolphe Bouguereau, 1890

Pour compléter le cycle consacré à la représentation  »explicite » du mythe d’Amour et Psyché, William-Adolphe Bouguereau a choisi de représenter l’épisode du baiser de l’Amour.

Il apparaît cependant qu’il en ai fait sa propre interprétation en représentant les deux protagonistes non pas adultes, conformément à la tradition littéraire, mais enfants. S’inscrivant de même en faux par rapport à la tradition iconographique de l’épisode, dont nous pouvons donner un exemple : il s’agit de la sculpture d’Antonio Canova (1800), conservée au Louvre et que nous avons déjà évoquée dans un article consacré à l’Amour dans ce muséeainsi que dans l’article consacré à la représentation traditionnelle du mythe.

Comment peut donc s’expliquer cette interprétation de Bouguereau ?

Il est possible d’y voir une référence à l’interprétation donnée par les peintres Italiens dans la représentation de l’Amour. Vous retrouverez ce thème traité dans l’article consacré à la représentation d’Amour à la Renaissance.

Ensuite, ce mythe est signifié dans deux oeuvres représentant Cupidon accompagné d’un papillon : Cupidon et le papillon de 1888 et le Captif de 1891.

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Cupidon et le Papillon, 1889

En effet, le papillon représente Psyché et notre article consacré à la symbolique du mythe, ainsi que celui consacré à la représentation de Psyché permettront sûrement d’éclaircir ce point.

Enfin, cette représentation par Bouguereau n’est pas inédite, il est possible de mettre en parallèle ces tableaux avec une oeuvre dont nous avons déjà discuté dans l’article consacré à l’Amour au Louvre :  L’Amour, Antoine-Denis Chaudet.

Bouguereau s’inscrit donc là aussi (comme pour les oeuvres traitant de lAscension vers l’Olympe), dans une certaine tradition iconographique, de la représentation d’Amour et Psyché.

Bouguereau peint Amour et Psyché s’envolant vers l’Olympe

William-Adolphe Bouguereau, pour aborder le mythe d’Amour et Psyché, a choisi de privilégier essentiellement un épisode ; il peint, entre 1887 et 1895, quatre tableaux traitant de l’enlèvement de Psyché, et de son acheminement vers l’Olympe.

Dans le tableau de 1889, cette destination, le royaume divin, est clairement signifiée par l’index, pointé vers le ciel, d’Amour.

Cupidon et Psyché, WB, 1889, Hobart Art Gallerie

Psyché et Cupidon, William-Adolphe Bouguereau, 1889

De plus, l’intérêt de cet épisode réside en partie dans le fait qu’il soit  marqué par une interprétation philosophico-religieuse de l’acheminement de l’âme humaine vers le ciel, et de son union à l’amour divin, (voir l’article consacré à l’interprétation du mythe ). Et cette symbolique semble avoir inspiré notre peintre : si l’on observe le visage béat de Psyché, dans son enlèvement de 1895, il ne manque pas d’évoquer l’Extase, apportée par  »son union intime avec la divinité » (voir définition ).

L'enlèvement de Psyché WB 1895

L’enlèvement de Psyché, William-Adolphe, 1895

La société Sotheby’s, en 2010, a mis aux enchères simultanément deux tableaux traitant du mythe d’Amour et Psyché, un par Bouguereau, l’autre par Gustave Courbet, et à cette occasion une vidéo a été réalisée par Polly Sartori (Vice présidente de la Gallerie et chef du département des peintures, dessins et sculpture Européens du XIXème siècle), que nous avons choisi de vous présenter.

Si cette vidéo a été initialement réalisée dans un but lucratif, son principal intérêt pour nous réside dans la comparaison effectuée entre les deux peintres français du XIXème siècle, dans le traitement d’un même sujet.

Au delà d’une analyse iconographique du mythe, la vidéo aborde le thème de la représentation de la femme nue, de l’ interprétation érotique du sujet mythologique par les peintres du XIXème siècle ; auxquels Bouguereau ne fait pas exception dans son interprétation du mythe de Psyché et que nous avons aussi décidé d’étudier dans un article consacré à cette problématique (dans lequel figure, en tête, le tableau, Amour et Psyché de 1899).

De plus, il faut souligner le fait que nombre d’artistes du XIXème siècle ont été inspirés par les sculpture de l’artiste Italien Antonio Canova, tel que cela nous est expliqué sur la notice de l’une de ses oeuvres conservées au musée du Louvre. Amour et Psyché y sont représentés adultes et complètement nus.

Il faut ajouter que Bouguereau s’inscrit aussi dans une certaine tradition iconographique, en raison de la présence de certains attributs dits  »traditionnels », tels que les ailes d’anges, pour Amour, et de papillon, pour Psyché ; parfois l’arc et les flèches de Cupidon (illustration ci dessous). Un  renvoi à nos différents articles consacrés à l‘iconographie traditionnelle de la représentation du mythe paraît de circonstance.

l'amour vainqueur, WB, 1887

L’amour Vainqueur, William-Adolphe Bouguereau, 1887

Pour conclure, dans un article paru le 3 septembre 1905, volume 16 n°3 de la revue anglaise « Brush and Pencil », (numérisé et mis en ligne, format PDF, sur la plate-forme Jstore), ce peintre et son art son encensés ; et, adoptant une logique biographique, l’auteur aborde un panel de problématiques liées à ses oeuvres.

Bien que son interprétation du mythe d’Amour et Psyché, n’y soit  pas ou peu abordé, l’article nous permet de cerner comment ce peintre, pourtant controversé (voir la réception des oeuvres et page sur le contexte artistique), est parvenu à concilier iconographie traditionnelle et attente du public  »moderne », dans le respect des règles académiques et de  »l’art Pompier ».

Bouguereau traite le thème de l’Amour

Au delà du mythe d’Amour et Psyché, William Bouguereau est un peintre français adepte des sujets mythologiques et allégoriques. Vous pouvez trouver sur le site JStor, un article en anglais issu du volume 16 n°3 de la revue « Brush and Pencil« . À travers cet article pour le moins élogieux vous pourrez découvrir la peinture de Bouguereau. Ainsi, il peint une série de tableaux consacrés au thème de l’amour, et il apparaît que les personnages que nous y trouvons aient un lien avec notre mythe d’Amour et Psyché.

Tout d’abord, les deux tableaux Amour avec épine et Amour mouillé  présentent le personnage d’Amour seul. Contrairement aux tableaux où le papillon est présent et que nous avons étudié dans l’article Bouguereau peint le baiser de l’amour, le mythe de Psyché n’est pas signifié.

Cupidon avec une épine, William Bouguereau, 1894

Cupidon avec une épine, William Bouguereau, 1894

Cependant, il apparaît que Bouguereau respecte une certaine iconographie traditionnelle, qui remonte à l’Antiquité, et qui connut de nombreuses modifications depuis la Renaissance ; nous avons étudié ce phénomène à travers trois articles : le premier consacré à la reprise des mythes antiques à la Renaissance, le deuxième concernant l’interprétation iconographique par les peintres de la Renaissance italienne et le dernier concernant la continuité iconographique au cours du XVIIème et XVIIIème siècles.

Amour, répond donc dans ces deux tableaux aux canons iconographiques traditionnels, mais il apparaît que Bouguereau en ait fait sa propre interprétation. Si l’on comprend aisément ce que veut signifier le tableau représentant amour avec une épine dans le pied, c’est bien moins le cas pour Amour mouillé.

Mais le personnage d’Amour n’est pas le seul à avoir fait l’objet d’une interprétation allégorique. En effet, Bouguereau a peint à plusieurs reprises la figure de Psyché, au sujet amoureux.
Les deux femmes de ces tableaux empruntent en effet les traits sous lesquels Bouguereau a choisi de représenter Psyché dans son tableau de 18.. (mettre lien et date).

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

Rêve de printemps, William-Adolphe Bouguereau, 1901

De ce tableau, et L’éveil de l’Amour, le thème reste l’amour. Mais Bouguereau a choisi de représenter Psyché et non directement Amour. Elle est entourée de petits anges, des putti, dont nous avons étudié la signification dans l’article sur la Renaissance. Ainsi, la présence de ces anges, qui empruntent l’iconographie du personnage d’Amour, sont ici présent  pour souligner le thème amoureux du tableaux.  Même si le sujet de ces tableaux n’est pas à proprement parler une représentation du mythe d’Amour et Psyché, il le sous entend fortement. Nous vous renvoyons pour cela à notre article sur l‘iconographie de ce mythe , et à  l’ouvrage L’espace de l’Eros: Représentations textuelles et iconiques étudié dans ce même article.

Pour conclure, il nous faut écarter une confusion bien souvent rencontrée au sujet d’un tableau :

Flora et Zephyr, William Bouguereau, 1875

Flora et Zephyr, William Bouguereau, 1875

En effet, ce tableau est souvent interprété comme représentant le mythe d’amour et Psyché, en partie à cause de la présence d’ailes de papillons. Mais, ces ailes ne sont pas portées par la femme, mais par l’homme. Cette incohérence par rapport à l’iconographie traditionnelle du mythe  et sa symbolique, nous a interpellée. Après un certain nombre de recherches, ils apparaît que les deux personnages ne sont pas Amour et Psyché mais deux autres figures mythologiques : Zéphyr et Flora.
Si le Dieu Zéphyr est un protagoniste du mythe de Psyché, il semble tout de même que l’épisode représenté par Bouguereau dans ce tableau ne soit sans rapport avec ce dernier. Hormis peut être le fait qu’il représente l’amour entre deux jeunes personnages mythologiques.

Amour et Psyché, illustration d’un mythe

L'Amour et Psyché, François-Edouard Picot, 1817

L’Amour et Psyché, François-Edouard Picot, 1817

Le mythe d’Amour et Psyché a été souvent utilisé par les artistes, que ce soit en peinture, en sculpture ou même en tapisserie. Il permet de représenter un couple amoureux : une femme d’une grande beauté accompagné d’un dieu. Faisant l’objet de nombreuses interprétations, ce mythe permet d’évoquer des sujets tels que l’amour véritable, le mariage, la séparation des amants et les épreuves à surmonter pour retrouver l’être aimé. Il permet également aux artistes de réaliser des œuvres empreintes d’une grande sensualité et d’un érotisme certain.

Pour bien aborder l’iconographie d’Amour et Psyché, nous vous conseillons l’ouvrage L’espace de l’Eros : Représentations textuelles et iconiques sous la direction d’Eduardo Ramos-Izquierdo (Professeur de Littérature contemporaine à l’Université Paris-Sorbonne) et de Angelika Schober (professeur en Lettres et Sciences Humaines à l’université de Limoges), rassemblant les actes du colloque du même titre s’étant déroulé du 26 au 28 mai 2005. A la page 34 du livre numérique (dont certaines parties ne sont malheureusement pas consultables en ligne), vous trouverez le chapitre De la tapisserie à la peinture : le didactisme de l’image au sujet de la légende de Psyché et Cupidon où est retracé l’histoire du thème d’Amour et Psyché en art avec une série d’exemples représentatifs. On y apprend par exemple que l’épisode de la découverte d’Eros par Psyché connaît un grand succès en Europe depuis la Renaissance.

Psyché découvre Éros, Benedetto Luti, 1720

Psyché découvre Éros, Benedetto Luti, 1720

L’iconographie du baiser d’Amour et Psyché est également très usitée. Le programme multimédia réalisé par le musée du Louvre en décembre 2010 : Psyché ranimée par le baiser de l’Amour, autour de la sculpture d’Antonio Canova permet de s’en rendre compte. On trouvera également des tableaux tels que Psyché et l’Amour de François Gérard, ou Amour et Psyché enfants de William-Adolphe Bouguereau.

Sur son blog anglais Visions of Whimsy, une jeune diplômée de Licence en Littérature anglaise, films et télévisions (University of Queensland) a écrit un article intitulé The Story of Eros and Psyche où elle liste bon nombre d’œuvres de toutes époques autour de la représentation de ce mythe. Elle illustre de cette manière le mythe, épisode par épisode, de diverses peintures et gravures.

Sur notre Flickr, vous trouverez différents albums rassemblants des représentations du mythe d’Amour et Psyché, que ce soit des œuvres du XIXe siècle présentants l’histoire du couple, puis plus spécifiquement les œuvres de William-Adolphe Bouguereau. En complément, vous trouverez également la série The Story of Psyche de Maurice Denis datant du  début du XXe siècle.

La représentation de Psyché en peinture

Peinture à l'huile,71x119.5cm de William Bouguereau réalisée en 1890, collection privée. Représentation du mythe d'Amour et Psyché enfants. Le baiser.

Amour et Psyché enfants, William-Adolphe Bouguereau, 1890

Quand la figure d’Amour/Eros est relativement fluctuante au fil du temps, celle de Psyché n’admet que peu ou pas de variation. Plus que l’évolution de son iconographie, c’est davantage la représentation même de la femme en peinture qui va se modifier au fil des siècles. C’est donc dans les Métamorphoses (ou l’Âne d’or) d’Apulée (auteur berbère du IIe siècle avant J.-C.) qu’est intégré le Conte d’Amour et Psyché. Psyché, la femme dont Amour est tombé amoureux et qu’il épouse par la suite, est parfois représentée seule, mais de préférence en compagnie de son époux Amour.

Dans ce Recueil d’Antiquités de Antoine Mongez (archéologue et historien de l’art du XVIIIe siècle) et Marie Joséphine Angélique Mongez (sa femme artiste peintre) paru en janvier 1804 chez Agasse, on trouve en particulier quelques paragraphes consacrés à Amour et Psyché (page 10).

Dans l’ouvrage sous la direction d’Eduardo Ramos-Izquierdo (Professeur de Littérature contemporaine à l’Université Paris-Sorbonne) et de Angelika Schober (professeur en Lettres et Sciences Humaines à l’université de Limoges) rassemblant les actes du colloque consacré à l’Espace de l’Eros : représentations textuelles et iconiques (26 au 28 mai 2005), on trouve un chapitre intitulé De la tapisserie à la peinture : le didactisme de l’image au sujet de la légende de Psyché et Cupidon (page 35). Est abordé naturellement la question de la représentation de Psyché dans les arts, que ce soit en sculpture, peinture ou tapisserie.

Le programme multimédia réalisé par le musée du Louvre en décembre 2010 : Psyché ranimée par le baiser de l’Amour, permet de retracer l’histoire de Psyché à partir de ses nombreuses représentations.

Plus que l’épouse d’Amour, Psyché est également la personnification de l’âme et est associée au papillon (en grec « Psukhê«  signifie « papillon » ). C’est pour cette raison qu’elle est souvent représentée avec des ailes de papillon ou avec un papillon comme on peut le voir dans les œuvres suivantes : Le réveil de Psyché (salon de 1904) de Guillaume Seignac et Psyché ; elle revient des enfers rapportant à Vénus la boîte qui lui a donnée Proserpine (salon de 1859) de Paul-Alfred de Curzon.

Néanmoins, elle est parfois également représentée seule et sans ses ailes de papillon. Dans ces cas-là, seul le titre du tableau permet souvent l’identification. C’est le cas dans Psyché abandonnée (1795) de Jacques-Louis David ou dans cet autre tableau de William-Adolphe Bouguereau :

Psyché, William-Adolphe Bouguereau, 1892, huile sur toile, 65 x 107 cm, collection privée

Psyché, William-Adolphe Bouguereau, 1892

Mais l’iconographie la plus fréquente est toujours celle où Amour/Eros est présent à ses côtés, qu’elle ait ou non ses ailes de papillon. Etant le seul amour du Dieu, il est difficile de faire erreur. On pourra prendre en exemple L’Amour et Psyché (1817) de François-Edouard Picot et Psyché et l’Amour (salon de 1798) de François Gérard.

Cependant, la confusion avec le couple Zéphyr/Flore est parfois faite à cause des ailes de papillon de Zéphyr, notamment dans Flora et Zephyr (1875) de William-Adolphe Bouguereau, intitulée parfois à tort Amour et Psyché.

Pour davantage d’illustrations, nous vous renvoyons aux albums Amour et Psyché par Bouguereau et Amour et Psyché au XIXe siècle présents sur notre Flickr.

Amour au Louvre

Le personnage d’Amour a beaucoup inspiré les artistes.

Au Musée du Louvre, sont présentes un grand nombre d’œuvres en lien avec ce Dieu. Vous pouvez donc consulter ces oeuvres, classées selon leur localisation dans le musée, sur le cartel ; on trouve donc quelque 207 œuvres, dont le titre contient les termes  »Eros » ou  »Cupidon », allant de l’Antiquité au XIXème siècle.

De plus, le Musée a consacré un parcours à l’Amour, intitulé ‘‘Maudite Aphrodite, Histoire d’amours mythiques » , à travers certaines sculptures du Musée :

– étape 02 du parcours en question :

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L’Amour, Antoine-Denis Chaudet, Musée du Louvre

La notice complète de cette oeuvre, en dehors du parcours, est disponible sur le site du Musée du Louvre. Amour est représenté offrant une rose à un papillon, et fait ainsi référence au seul amour d’Amour : Psyché. Mais au-delà de cela, ce geste symbolise le grand paradoxe du sentiment amoureux :

« le papillon qui se laisse séduire par la rose de l’Amour symbolise l’âme, en grec, Psyché : déjà prisonnière de l’Amour, l’âme en ressent bientôt les tourments plus que les plaisirs »

Psyché fait aussi partie du parcours consacré par le musée puisque deux sculptures s’attachent au mythe de Cupidon et Psyché.

–  étape 03 du même parcours

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Zéphyr et Psyché, Henri-Joseph RUTXHIEL, 1814

– étape 11

Interprétation et symbolique du mythe

L’histoire d’Amour et Psyché laisse place à de nombreuses interprétations, dans cet article nous essayerons de présenter un panel de liens permettant d’avoir une lecture plus approfondie du mythe.

Le professeur Franklin Nyamsi, agrégé de Philosophie enseignant au Lycée Delamare Deboutteville (Forges les eaux) a écrit sur son blog un article intitulé Psyché ou la naissance de la conscience : interprétation d’un mythe, où il essaye de comprendre la symbolique du mythe d’Amour et Psyché. Dans le sens où Psyché est la personnification de l’âme humaine, les épreuves qu’elle subit représentent celles que doit surmonter l’Homme pour parvenir à la conscience en passant par l’expérience du mal et l’amour du Bien.

Christelle Bahier-Porte, professeur agrégée de Lettres Modernes au lycée Jean Monnet, fait sur le site de la revue Fééries, consacrée au conte merveilleux de langue française, du XVIIe au XIXe siècle, un compte-rendu critique du livre de Véronique Gély (professeur agrégée de Lettres Classiques enseignant à l’Université Paris-Sorbonne) : L’Invention d’un mythe : Psyché – Allégorie et fiction du siècle de Platon au temps de La Fontaine où elle évoque les différents aspects de la symbolique traités par Véronique Gély. On y retrouve encore une fois l’allégorie de l’âme, mais aussi la question de l’union de l’âme et de l’amour divin, un modèle de comportement et la distinction entre « les yeux de l’âme » et les « yeux de chair ».

Dans l’article Le Conte d’Eros et Psyché dans la littérature orale tiré du numéro 75 de la revue Topique (psychanalyse et anthropologie) sur cairn.info (portail de revues en sciences humaines), Anna Angélopoulos, psychanalyste et spécialiste du conte, évoque plus spécifiquement la symbolique du mythe autour du thème du mariage, notamment celui entre une entité divine et une âme humaine.

Marie-Martine Bonavero écrit pour l’Association des Professeurs de Lettres un article sur le conte de Psyché dans les Métamorphoses d’Apulée consacré aux rapprochements et liens entre le mythe, le conte et les autres genres littéraires (épopée, roman…), en mettant le tout en rapport avec la philosophie. C’est notamment dans la troisième partie de son article (III. L’influence de la philosophie) que sont évoqués l’interprétation du sommeil de Psyché, les thèmes de la Beauté, de l’Âme et du Dieu par rapport au mythe.

Pour finir, un article publié en 1894 par la Société d’histoire littéraire de la France dans la Revue d’histoire littéraire de la France, est entièrement consacré à la symbolique de l’épisode de Psyché découvrant Cupidon, et disponible en version numérique sur la plate-forme Gallica de la Bibliothèque Nationale de France.

Les reprises littéraires du mythe d’Amour et Psyché

Au fil des siècles, le mythe d’Eros et Psyché a inspiré de nombreux auteurs (P. Louÿs, La Fontaine,…), poètes, particulièrement du XIXème siècle, (J. Keats, V. De Laprade, W. Morris,…), et a connu des adaptations au théâtre, dont celle de Molière et Corneille.

Une liste des oeuvres littéraires traitant du mythe est disponible sur la page Wikipédia consacrée à Psyché.

Pour finir, voici quelques liens qui permettent d’étudier et de comprendre les différentes adaptations du mythe dans la littérature, sur le modèle de la version d’Apulée :

Toujours sur le site de la Bibliotheca Classica Selecta (site créé par deux professeurs de lettres de l’Université de Louvain), est disponible une étude comparative entre les écrits d’Apulée et le poème de La Fontaine, par Maud André, professeur au collège du Christ-Roi. Vous pouvez lire le poème en question, presque un roman, Les Amours de Psyché et Cupidon de La Fontaine dans sa version numérisée.

Il existe ensuite un ouvrage d’Henri Lemaître (bibliothécaire et directeur adjoint de l’Institut scientifique des recherches économiques et sociales à partir de 1934), publié en 1939, sur le mythe de Psyché dans la littérature française, des origines à 1890, dans le volume 16 des « Etudes de littérature étrangère et comparée », dont aucune version électronique n’est disponible.

Amour et Psyché, un conte oral

Les différents aspects et leçons du mythe d’Amour et Psyché sont récurrents dans la tradition orale. On retrouve en effet de nombreux contes narrant l’union d’un dieu ou tout autre être surnaturel et d’une femme mortelle. Amour et Pysché n’est autre que l’histoire d’un couple qui s’unit et se sépare pour mieux se retrouver. Pour avoir accédé à l’amour éternel, les deux jeunes mariés doivent faire face aux épreuves du mariage et se montrer méritants.

Sur le portail de revues en sciences humaines et sociales Cairn.info, on trouve un article intitulé Le conte d’Eros et Psyché dans la littérature orale par Anna Angélopoulos, psychanalyste et spécialiste du conte, paru dans le numéro 75 de la revue Topique (psychanalyse et anthropologie) où sont évoqués les différents contes appartenant à cette tradition de l’histoire d’Amour et Psyché. L’auteur démontre au fil des exemples que les grands thèmes et symboliques de ce mythe resurgissent régulièrement dans les contes et récits populaires afin d’en transmettre les leçons et enseignements : les épreuves du mariage, les pérégrinations de l’âme pour atteindre l’immortalité, l’initiation à la sexualité, l’amour face à la mort.

En complément, nous pourrons lire un autre article sur le même site, écrit par Jean Perrot, linguiste français du XXe siècle, pour le numéro 198 de la revue Diogène (février 2002) : Du Papillon, Contes et fables pour les enfants du XVIIe siècle à nos jours où il est question de la figure du papillon, symbole de l’âme humaine et insecte attaché à Psyché. On notera par ailleurs que dans de très nombreuses oeuvres, Amour est représenté avec un papillon ou Psyché elle-même possède des ailes de papillon.

Le Mythe d’Amour et Psyché par Apulée

Le mythe d’Eros et Psyché apparaît, pour la première fois dans la littérature, au sein de l’ouvrage d’Apulée, Les Métamorphoses ou l’âne d’or.

Pour cela, il est utile de présenter le site à partir duquel nous avons réuni les principales sources de cet article : deux professeurs de lettres de l’Université de Louvain (en Belgique) ont créé en 1992 un site, La Bibliotheca Classica Selecta, qui « se veut une introduction aux études classiques, destinée prioritairement aux étudiants de lettres classiques et d’histoire ancienne, accessoirement à tous ceux qui s’intéressent au monde gréco-romain antique et aux civilisations qui l’entourent ». Sont ainsi étudiés ici un certain nombre d’oeuvres et d’auteurs classiques grecs, latins et orientaux.

Le site nous livre tout d’abord un article présentant Apulée, auteur du IIeme siècle après JC, et son ouvrage le plus fameux Les Métamorphoses ou l’âne d’or.

Apulée est qualifié ici de « personnage singulier et attachant, qui avait les yeux grands ouverts et s’intéressait à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, à la magie aussi ».
En effet, cette dernière est très présente dans son ouvrage puisque c’est ainsi, par magie, que le principal protagoniste des Métamorphoses sera changé en âne. Sous cette forme, il va vivre toute une série d’aventures, mêlant de nombreux personnages et de nombreux récits parallèles, attachés au sujet principal par différents procédés ; rendant l’oeuvre très complexe.

C’est pourquoi, en avril 1997 dans le cadre d’un cours sur les auteurs latins, est présentée par Sandra Mangouby, (Aspirante au Fond National de la Recherche Scientifique, Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain) une étude de la structure de l’ouvrage. Elle paraît dans la Folia Electronica Classica , Numéro 2 de juillet-décembre 2001, revue électronique du site.
Plus précisément, le rôle et la place du conte d’Amour et Psyché seront abordés ici ( I – A)).

Ensuite nous pouvons trouver sur ce site la traduction complète, en français, du mythe.

Pour finir sur Apulée, nous vous proposons deux articles abordant des problématiques sous-jacentes au récit des Métamorphoses :

La femme et l’animalité dans les Métamorphoses : Dans ce texte de Géraldine Puccini-Delbey (agrégée de Lettres Classiques et professeur de littérature latine française), publié dans la revue Anthropozoologica (2001, N°33/34) du Museum d’Histoire Naturelle, est abordée la problématique de l’image de la femme, du parallèle sous entendu par Apulée entre animalité et féminité tout au long du récit.
Psyché est assimilée par l’auteur à la femme « humaine », vertueuse par excellence (rationnelle) corrompue par ses soeurs, qui réveillent en elle sa curiosité et la conduisent à sa perte.

Le thème de l’esclavage :
Cet article, écrit par Jacques Annequin, spécialiste de l’Antiquité, paru dans la revue « Dialogue de l’Histoire ancienne », volume 24 en 1998, et en consultation sur la plate-forme Persée, aborde la récurrence du thème de l’esclavage dans l’ouvrage d’Apulée.